Les violences coloniales françaises

L’Officier criminel français  Jacques Massu, « Père-Fondateur » de la Culture politico-militaire des Massacres effroyables de la Population civile sans défense et des Tortures militaro-policières horribles au Togo depuis 1933.
(Crédit Photo: gw.geneanet.org)

 L‘Histoire des graves Crimes coloniaux français au Togo demeure jusqu’aujourd’hui un vaste champ en friche que le long règne très violent de feu Eyadéma Gnassingbé et de son médiocre rejeton Faure Essozimna Gnassingbé a sciemment empêché d’explorer systématiquement et d’exposer objectivement afin que le grand Public comprenne enfin pourquoi la Mémoire collective des Togolais conserve jusqu’aujourd’hui un grave Traumatisme psychologique vis-à-vis de l’époque coloniale française et pourquoi une très grande majorité de Togolais (même des jeunes de moins de 30 ans qui n’ont pas connu l’époque coloniale française!) nourrissent une Aversion tenace envers les Français en général ainsi qu’envers la France officielle et des milieux économiques français en particulier.
L’exploration de ce champ de l’Histoire du Togo fait découvrir que la Politique coloniale française en Afrique cachée fallacieusement derrière la propagande idéologique morbide de « mission civilisatrice » à travers une prétendue « assimilation culturelle » avait pour objectif principal et inavoué d’ exterminer complètement les Peuples Africains afin que les Français et les autres peuples européens puissent s’accaparer brutalement de l’ensemble du Continent africain avec toutes ses immenses Ressources multiformes.
En effet, la Violence politico-militaire et policière endémique comme instrument principal dans l’aventure coloniale française en direction du Continent Africain est exactement la même qu’on retrouve dans la grave Tragédie ayant malheureusement frappé les Peuples Autochtones des Amériques (communément appelés les Amérindiens) et les Peuples Autochtones de l’Australie (communément appelés les Arborigènes) qui ont été systématiquement exterminés par les envahisseurs coloniaux européens. Cette Violence systémique ne peut pas donc être considérée comme un phénomène isolé et non prémédité!
Les Européens en général et les Français en particulier ne s’étaient pas lancés dans l’aventure coloniale vers l’Afrique avec l’idée bienveillante d’aller cohabiter pacifiquement avec les Peuples Autochtones, mais plutôt d’y aller les remplacer brutalement, en usant de tous les moyens y compris l’ Asservissement et l’ Extermination!
Voilà pourquoi la horde des aventuriers coloniaux français et européens était presque toujours conduite par des Militaires préalablement bien formés, non pas pour aller travailler bénévolement comme des Garde-corps bienveillants au service des Peuples Autochtones, mais plutôt pour tuer en masse tous ceux qui résisteraient à leur aventure macabre et digne de vrais macaques.


Schéma illustrant l’invasion militaire brutale du Togo par les Troupes franco-britanniques en vue de massacrer la Population autochtone et chasser les colonisateurs allemands.
(Crédit: Yves Marguerat/ORSTOM)

Dans le cas spécifique du Togo, cette Doctrine militaire française axée sur la Terreur inouïe et endémique a commencé avec l’invasion militaire violente et inattendue du Territoire par des Troupes militaires françaises venues du Dahomey voisin (à l’est) et soutenues par des Troupes militaires britanniques venues de la Gold Coast voisine (à l’ouest) pour massacrer sauvagement la pauvre Population autochtone en vue de déloger les violents colonisateurs allemands et s’accaparer du Territoire, comme cela a été déjà évoqué sous ce lien.
Comme l’a si bien fait remarquer l’Enseignant-Chercheur américain en Histoire sur l’Afrique francophone le Docteur Gregory Mann dans l’un de ses Travaux publié en 2009 (voir en Bibliographie) en parlant du phénomène de la Violence systémique et inouïe dans les colonies françaises d’Afrique, « la loi en tant que telle n’était ni au coeur du projet impérial ni la pierre angulaire de l’autorité coloniale en Afrique de l’Ouest française » .
 De 1920 (date du départ définitif des colonisateurs allemands du Togo suite à la création de la Société des Nations un an plus tôt) jusqu’à 1960 (date de la proclamation officielle de l’indépendance nominale du Togo) les structures institutionnelles d’exécution de cette Violence coloniale sur les pauvres Populations du Togo comptaient plus d’un Millier d’Hommes en Uniformes selon l’Enseignant-Chercheur allemand en Histoire le Professeur Docteur Joël Glasman cité en Bibliographie. Cet effectif était réparti de façon chronologique comme suit:

Dénomination de la structure Période d’existence ou d’activité Observations
Troupes coloniales franco-britanniques 1914 – 1925 Occupation militaire du Territoire après l’expulsion violente des Allemands; reconversion d’une partie en Gardes Indigènes dès 1922.
Détachement de Police 1920 – 1933 Reversé au Service de la Police et de la Sûreté dès 1933.
Gardes Indigènes 1922 – 1952 Converti en Corps des Gardes-Cercle de 1952 à 1957.
Milices Coloniales 1928 – 1944 Une Partie est reversée au Service de Police et de la Sûreté dès 1933 et le reste est déployé discrètement comme Agents de Renseignements généraux au sein de la Population en recevant auprès de celle-ci l’appellation peu honorable d’
«Avɔme Sodza» (signifiant littéralement « le soldat caché sous un pagne [ordinaire]« ).
Service de Police et de Sûreté 1933 – 1960 Création inédite par l’Officier criminel français Jacques Massu comme Noyau solide de la (future) Direction Générale de la Sûreté Nationale et de la Police 
Détachment de Gendarmerie de l’AOF 1942 – 1960 Noyau de la Gendarmerie Nationale Togolaise
Corps des Gardes Forestiers 1942 – 1960 Non dissout, continue d’exister comme Corps des Eaux et Forêts
Corps des Gardiens de la Route 1942 – 1960 Non dissout, continue d’exister comme Corps des Douanes.
Bataillon Autonome Dahomey-Togo 1944 – 1958 Reversé en partie dans la Compagnie d’Infanterie en 1958 et dans la Gendarmerie Nationale en 1960
Compagnie d’Infanterie 1958 – 1961 Noyau des (futures) Forces Armées Togolaises (FAT)

Il est important de faire remarquer ici que l’évolution de ce système de violence gratuite a connu une tournure particulière avec l’arrivée en 1933 du jeune Lieutenant français Jacques Massu fraîchement sorti de l’école militaire de Saint-Cyr.  Ce monstre hideux qui semera la désolation quelques années plus tard en Indochine (devenu Vietnam) et ensuite en Algérie à travers ses massacres macabres et ses méthodes de tortures cruelles sur les pauvres populations a commencé donc ses premiers « faits d’armes » au Togo. 

C’était bel et bien Jacques Massu qui avait réorganisé dès 1933 ces structures institutionnelles de violence endémique et inouïe sur les pauvres Populations sans défense dans tous les Terroirs du Togo. C’était également ce monstre qui avait introduit les différentes techniques et méthodes de Tortures et d’Assassinats les plus cruelles dans ces unités militaires, para-militaires et policières au Togo sous la domination coloniale française. Les méthodes d’Assassinat effroyable et de Torture cruelle « héritées » par Jacques Massu de ses prédécesseurs allemands ou introduites de façon « novatrice » par lui-même dès son arrivée au Togo en 1933 étaient entre autres les suivantes:

Méthodes de Torture et d’Assassinat Photo illustrative des Objets, des Pratiques et des Lieux de Torture et/ou d’Assassinat
Bastonnade très violente de la victime couchée à même le sol (ou attachée à un arbre ou à une potence) par deux Tortionnaires (habituellement ivres ou drogués), avec l’intention préméditée de lui casser les reins ou de lui causer de graves blessures irréversibles au dos.
Bastonnade très violente de la victime couchée à même le sol par deux Tortionnaires (habituellement ivres ou drogués), avec l’intention préméditée de lui casser les reins, pendant que deux autres Tortionnaires immobilisent fermement les membres inférieurs et supérieurs de la victime.

Menottage très serré aux poignets et/ou aux chevilles, avec l’intention préméditée d’infliger des blessures graves et/ou des douleurs intenses à la victime.

 

Matraquage très violent de la poitrine et de l’abdomen de la victime à qui on fait boire préalablement beaucoup d’eau et dont les bras sont fermement ligotés par derrière, dans l’intention préméditée d’abimer gravement ses organes vitaux (poumons, foie, coeur, viscères, etc.).  

« Bal de minuit » (appelé aussi « Sport de minuit« ) consistant à matraquer tard dans la nuit sur un terrain de jeu non éclairé la victime criant et courant souvent le torse nu dans un cercle entouré de plusieurs Tortionnaires (habituellement ivres ou drogués) munis de toutes sortes de matraques, avec l’intention préméditée de l’épuiser physiquement et psychologiquement.

 

Obligation faite à la victime de prendre un Bain de soleil prolongé avec les yeux ouverts fixés au ciel, dans l’intention préméditée de provoquer l’aveuglement et même la cécité chez la personne.

 

« Diète noire » consitant à priver d’eau et de nourriture la victime enfermée dans une cellule (souvent souterraine) pendant plusieurs jours (et même plusieurs semaines), dans l’intention préméditée de la faire mourir de soif et de faim.
Enfermement de plusieurs victimes dans une cellule très exiguë, peu aérée et préalablement aspergée de Sel de cuisine, dans l’intention préméditée de provoquer une chaleur suffocante et mortelle chez les victimes en raison du Chlore qui se dégage de la fonte progressive du Sel exposé à l’humidité.
« Grillade » consistant à obliger la victime de s’exposer à un Feu de bois très ardent, dans l’intention préméditée de lui infliger de graves brûlures.

Usage du « Gégène » consistant à infliger des charges électriques très intenses (souvent sur les parties génitales de la victime) au moyen d’un générateur électrique portatif appelé « Gégène » dans le jargon militaire et policier, avec l’intention prémédité de lui causer des douleurs physiques et psychologiques très intenses, voire des brûlures sur la peau.

Les Régions et Terroirs où les Escadrons funestes de l’assassin Jacques Massu avaient commencé à semer la Mort, la Misère et la Désolation dès les années 1933/1934 particulièrement marquées par les soulèvements populaires des braves Femmes de Lomé suite à l’introduction de nouveaux impôts arbitraires et très élevés étaient non seulement Lomé et ses environs, mais aussi et surtout les Terroirs de l’intérieur réputés pour avoir jadis opposé une Résistance farouche à l’intrusion brutale allemande, comme cela a été déjà décrit sous ce lien.

Il est clair donc que le « Grand Kloto » , le « Grand Bassar« , le Pays Konkomba, le Pays Tem et le Pays Kabiyè étaient entrés très tôt dans le champ de mire du criminel Jacques Massu, de ses supérieurs hiérarchiques et de ses hommes de main dans leur prétendue « politique de pacification« . L’intéressé lui-même s’en était d’ailleurs vanté à demi-mot plus tard dans un ouvrage collectif qu’il avait publié en 1995 avec Laurent Péchoux (ancien Commissaire de la République au Togo) et cité en bibliographie.  

Carte géographique de la légendaire Région du « Grand Kloto » encore appelée « Eʋedome » (Crédit: Batchana & Adaba)

La carte géographique ci-contre donne un aperçu de l’étendue de la Région communément appelée le « Grand Kloto » (allant de la Région d’Agu jusqu’à la Région de Danyi en passant par Agɔme, Fiɔkpɔ, Kuma, Lavié et Kpélé) et connue aussi sous l’appellation d’ « Eʋedome » .

Une coïncidence toute de même frappante est que l’arrivée du criminel Jacques Massu au Togo a eu lieu à l’époque de la naissance d’Étienne Eyadema Gnassingbé (qui serait né en 1935 selon les données officielles). Il est curieux de constater également que ce dernier partira aussi quelques années plus tard en Indochine puis en Algérie comme Tirailleur de l’Armée coloniale française à l’instar de l’Officier criminel français Jacques Massu pour y apprendre à pratiquer les mêmes cruautés sur les pauvres Populations de ces pays. Une fois ces techniques cruelles d’assassinat et de torture bien maîtrisées auprès de son maître Jacques Massu dans l’Armée coloniale française en Indochine et en Algérie, il n’est pas étonnant qu’Étienne Eyadema Gnassingbé revienne au Togo au début des années 1960 pour perpétuer pendant près de 40 ans l’oeuvre macabre de crimes quasi-génocidaires que l’Officier criminel français Jacques Massu était venu semer au Togo au moment de sa naissance.

      De tout ce qui précède, on peut donc constater que la Violence coloniale française était plus pernicieuse, plus dévastatrice et plus intense que celle de la « Polizeitruppe » allemande. En effet, tout le pays était transformé avec toutes ces structures de violences systémiques en un État policier de Coup d’État permanent où presque toutes les Libertés fondamentales sont devenues quasi-inexistantes.
      Mais le vif attachement séculaire des habitants d’Agu-Kebo-Toé à l’esprit de la Liberté, au droit inaliénable pour chaque communauté humaine à l’Auto-détermination et au droit inaliénable à la Dignité humaine pour chaque personne quel que soit son rang social, quelle que soit sa couleur de peau, quelles que soient ses possessions matérielles, quelles que soient ses convictions religieuses ou philosophiques et quelles que soient ses performances intellectuelles, avait très vite conduit le colonisateur français ayant pris violemment la place des Allemands dès 1914 à stigmatiser cette communauté villageoise comme étant un repaire d’éternels « Rebelles » (c’est-à-dire des Citoyens déterminés qui ne rentrent pas si facilement dans leur coquille avec une résignation éternelle, lorsque leurs Droits fondamentaux sont bafoués). Les prédecesseurs allemands du colon français qui étaient plus doués en matière de la connaissance de la Psychologie humaine dans les relations inter-personnelles et inter-communautaires avaient plutôt compris en fin de compte que les habitants de ce Terroir d’Agu étaient (et sont) simplement des gens opiniâtres lorsqu’il s’agit de défendre leurs Droits et leurs Intérêts légitimes.

Tɔgbui Esidiamele FOLIKPO SAH, Ami et Personne-Ressource de l’Administrateur colonial allemand Dr. Hans GRUNER dans le Cercle de Missahöhe.
(Crédit :
K. Kofi FOLIKPO)

Dr. Hans Gruner
Credit:www.petervogenbeck.de

Voilà pourquoi l’Administrateur colonial allemand Dr. Hans Gruner (Photo à gauche) avait finalement changé de tactique dans le traitement des conflits fonciers opposant les colons allemands aux Populations autochtones, en optant pour la « méthode douce » à travers une Amitié (fût-elle mesurée en raison des barrières linguistiques) avec le Patriarche FOLIKPO (voir Photo à droite), Aïeul de l’Auteur de la présente Publication, afin d’éviter la confrontation violente et permanente …

La première friction violente entre l’oppresseur colonial français et les habitants d’Agu-Kebo-Toé avait eu lieu dès 1920 bien même avant l’arrivée de Jacques Massu au Togo,  à la suite de la re-délimitation franco-britannique avec le passage du Cercle de Kloto sous l’administration coloniale française et à la suite de la relance des revendications légitimes pour la rétrocession totale des vastes domaines fonciers très fertiles que les colons allemands avaient frauduleusement arrachés quelques années plus tôt aux collectivités villageoises.
Les membres de la délégation d’Agu-Kebo-Toé porteuse de la doléance auprès du « Commandant de Cercle » français furent arbitrairement jetés en prison et écopèrent des amendes arbitraires, car l’administration coloniale française notoirement raciste et méprisante considérait une telle révendication comme un « affront téméraire » de la part des « indigènes nègres » (sic!) envers le « colon blanc civilisateur » et comme une « offense de lèse-majesté ».
La riposte collective à ces brimades arbitraires était intervenue les années subséquentes sous forme de Désobéissance civile à travers le refus collectif de tous les Toéens adultes de payer l’impôt annuel (Amlɔkɔɛ).

Dessin illustratif d’une violente Expédition militaire répressive du Colonisateur français contre les pauvres Populations en Afrique occidentale (Dahomey, Côte d’Ivoire, Guinée, Haute-Volta, Mali, Niger, Sénégal, Togo).

C’est ainsi que les Expéditions militaires répressives très violentes n’avaient pas tardé à s’abattre sur cette communauté villageoise afin que son esprit anti-colonial envers l’envahisseur français ne contaminât pas d’autres communautés villageoises. Les hommes étaient donc sur leur qui-vive en tout moment et passaient plus de temps sur les champs qu’au village.
Quand le tyran colonial français intensifia ses harcèlements militaires et policiers contre la Chefferie coutumière requisitionnée pour exhorter les citoyens à payer régulièrement l’impôt annuel, ces derniers optèrent pour deux Stratégies en vue de continuer à recuser l’autorité de l’administration coloniale française sous une forme passive et stoïque.
La première Stratégie est celle du Paiement collectif à minima: le récépissé de paiement d’impôt délivré à quelques uns des citoyens sous forme d’une plaquette métallique était utilisé durant les démarches administratives par tous les autres citoyens n’ayant pas payé leur impôt.
La deuxième Stratégie était celle de l’Absence virtuelle: de nombreux citoyens étaient officiellement déclarés comme des émigrés partis vers la Gold Coast britannique voisine pour le Travail saisonnier, alors qu’ils continuent de résider bel et bien dans le Terroir.
La radicalisation anti-coloniale des habitants d’Agu-Kebo-Toé s’était manifestée plus concrètement à la suite des violents soulèvements anti-français de 1933 à Lomé, quand la crise économique mondiale de 1928/1929 poussa l’administration coloniale française à décréter des impôts très exorbitants sur les habitations urbaines, sur le commerce des produits importés (en l’occurrence les boissons alcoolisées, le sucre et la poudre à canon entre autres) ainsi que sur les cultures de rente locales. C’est ainsi que le «Commandant de Cercle» de Kloto tenta d’imposer aux producteurs de café, de cacao et des huiles de palme une statistique absurde consistant à lui fournir le nombre de pieds de plant pour chaque champ afin que ses services puissent faire les prévisions d’entrées fiscales.
Le producteurs d’Agu-Kebo-Toé et des autres villages d’Agu ont réussi à saboter habilement cette escroquerie fiscale en mettant en place un réseau clandestin de production et de commercialisation, faisant échapper leurs produits à la confiscation brutale par la soldatesque du «Commandant de Cercle» :

  • les récoltes de café et de cacao n’étaient plus ramenées au village pour être conditionnées et séchées, mais étaient plutôt traitées sur place dans de petites fermes semi-clandestines bien gardées dans les champs à Ʋègbè, à Tsiké, à Tsigbe, à Asaɖame, à Ʋlì et ailleurs ;
  • ces récoltes étaient finalement acheminées vers la Gold Coast britannique voisine où le cours d’achat était plus avantageux, au grand dam du colonisateur français.

L’adhésion ouverte du Chef coutumier Tɔgbui ABƆƉI au Parti nationaliste CUT (Comité de l’Unité Togolaise) de Sylvanus Olympio à partir de 1940 en même temps que d’autres Chefs coutumiers du Terroir d’Agu tels que Tɔgbui TUMAWU d’Agu-Kebo-Kpeta, Tɔgbui ATAMA d’Agu-Tavie-Kumahou et Tɔgbui PEBI d’Agu-Nyɔgbo a donné une tournure plus dramatique aux violences inouïes organisées par l’envahisseur colonial français contre la population.


Tɔgbui ABƆƉI, Chef coutumier héroïque et exemplaire d’Agu-Kebo-Toé des années 1940 jusqu’aux années 1980 (Crédit: Koffi GBLOKPO)

C’est ainsi qu’à la date du 15 Mai 1944 le «Commandant de Cercle» de la Circonscription administrative de Klouto (Kloto) ordonna au «Chef de Poste» d’Agou basé à Agou-Gare (Agu-Gadzeʄe) de convoquer le Chef coutumier Tɔgbui ABƆƉI ainsi que tous les autres Chefs coutumiers nationalistes du Terroir d’Agu pour une séance de Torture à ciel ouvert et d’Humiliation publique, en optant pour la Technique cruelle de Torture dénommée « Grillade » , comme cela est expliqué plus haut.
Un grand Bûcher semblable à ceux du temps de la cruelle Inquisition jadis pratiquée en Europe médiévale par l’ Église catholique a été érigé sur une place publique.

Tɔgbui ABƆƉI et les autres Chefs coutumiers ont été contraints à coups de cravache et de baïonnette à se rassembler très près du feu ardent du bûcher dans leur tenue d’apparat de Kente, sous un soleil de canicule.
Ce supplice cynique qui avait duré plusieurs heures avait provoqué de graves brûlures chez les uns ainsi que la suffocation suivie d’évanouissement chez les autres.

Dans le souci d’inscrire ces événements dramatiques et inédits dans la Mémoire collective du Terroir, la chanson suivante avait été composée à la hâte en la circonstance et est frédonnée jusqu’aujourd’hui en souvenir de cette sombre période de l’Histoire d’Agu:

Texte des Paroles en Eʋegbe  Traduction française
Dzoɖagbe ʄe ga wuieve Abobo aɖe ɖi ɖeee
Dzoɖagbe ʄe ga wuieve Abobo aɖe ɖi ɖeee
Wo dzo dzo na Abɔɖi eee
Wo do dzo na Awute eee
Wo do dzo na Sadzi eee
Nya ma me dzɔ le Tɔgbui Tɔgbuiwo ŋɔli o
Ye ŋuti Ametsitsiawo kpe ta eee
Be woa wɔ kɔnu na wó looo
Be woa wɔ kɔnu na wó looo
Miawó ŋutɔ tɔ yé nye Togo a
Enɔnɔ glo mi
Miawó ŋutɔ tɔ yé nye Togo a
Enɔnɔ glo mi
Frãse yevuwo be ye wó a gba Dua
Ye zu hlɔ si Togo ya bia
Enɔnɔ glo mi
Nu ma ta wó lé mía nɔvi geɖewo
Le neʄui ta
Nu ma ta wó do dzo na ameaɖewo
Be wóa ʄu
Avivɔ mawɔmawɔ
Ŋdɔ kutsu ga wuieve toŋ toŋ toŋ
Avivɔ mawɔmawɔ
Ŋdɔ kutsu ga wuieve toŋ toŋ toŋ
Susuɛa siwo be ye wo ma lɔ o la
Wo yi Abogo le Ŋlesi kpa dzi
Ɖɔkita Aku Akpe na wò Dzɔgbeynui na wò
Dumegãwo me kla mi looo
E dzè agbagba, Mister Olympio
E dzè agbagba, Mister Olympio eee
Togo ya xɔ Ablɔɖe
E dzè agbagba, Mister Olympio
E dzè agbagba, Mister Olympio eee
Togo ya xɔ Ablɔɖeee
Une clameur s’est levée lundi à midi
Une clameur s’est levée lundi à midi
On a exposé Abɔɖi au Bûcher!
On a exposé Awute au Bûcher!
On a exposé Sadzi au Bûcher!
C’est du jamais vu au temps des Ancêtres
C’est pourquoi les Notables se sont réunis
Pour leur faire des Cérémonies
Pour leur faire des Cérémonies
Le Togo nous appartient
Mais il nous est difficile d’y vivre
Le Togo nous appartient
Mais il nous est difficile d’y vivre
Les Français sont décidés à ruiner le Pays
Voilà pourquoi on s’en prend au Togo
Il nous est difficile d’y vivre
C’est pourquoi nombreux de nos Compatriotes sont en prison
À cause des Noix de Palmiste
Voilà pourquoi certains ont été
Exposés au Bûcher ardent
Sans qu’il ne fasse froid
En plein midi sous un soleil de canicule
Sans qu’il ne fasse froid
En plein midi sous un soleil de canicule
Le reste qui ne voulait pas se laisser faire
Partait pour Abogo en colonie anglaise
Honneur à vous, chers Notables
Docteur Aku, Merci à Toi, Bonheur à Toi
Il s’est sacrifié, Monsieur Olympio
Il s’est sacrifié, Monsieur Olympio
Pour l’Indépendance du Togo
Il s’est sacrifié, Monsieur Olympio
Pour l’Indépendance du Togo
Nos vifs et sincères Remerciements à Madame Akuwa LATE (Personne-ressource) et à Monsieur Richard Agbessi DEGBOE (Président de l’Association des Ressortissants d’Agu Kebo-Toé à Lomé et à l’Étranger, en abrégé ARAKTOLE)

L’oppresseur colonial français surpris par la très grande Résistance héroïque et stoïque de Tɔgbui ABƆƉI face à ces dures épreuves a décidé de l’emprisonner pour plusieurs mois à la prison coloniale de Missahöhe.
Il passa ensemble avec l’une de ses épouses plus d’un an de détention arbitraire dans cette prison infernale, sans accusation ni procès, jusqu’à ce que l’oppresseur colonial français fatigué de sa résistance stoïque décida de les libérer.

Des scènes similaires de Torture horrible avaient eu lieu sur les Togolaises et les Togolais dans leurs propres Droits légitimes un peu partout au Togo durant toute l’occupation coloniale française au moyen de toutes les différentes Techniques de Torture exposées plus haut, et surtout dans les Terroirs réputés hostile à toute forme d’Oppression et de Spoliation coloniales
La première grande leçon à tirer de cette épisode coloniale dramatique est que Tɔgbui ABƆƉI a héroïquement accepté de souffrir le martyr pour ses convictions patriotiques et pour la Liberté en faveur de sa Communauté.
La deuxième grande leçon à retenir est que cette résistance stoïque avait pu aboutir grâce au soutien moral, matériel et spirituel de la quasi-totalité de la Communauté villageoise et cantonale en faveur du héros Tɔgbui ABƆƉI arbitrairement embastillé.
Il est à souhaiter très vivement que l’actuelle génération de la Jeunesse dans ce Terroir comme partout ailleurs au Togo et en Afrique en général puisse retenir ces précieuses leçons d’abnégation, de dépassement de soi et de solidarité communautaire pour forger le Destin commun de la Communauté face à l’agressivité de plus en plus menaçante provenant aujourd’hui les peuples non-africains qui complotent activement en vue de décimer systématiquement les Peuples Africains, ou en vue de les réduire systématiquement en servitude sur leur propre riche Sol ancestral, dans l’unique but de s’emparer allègrement de ce Sol et de ses immenses richesses naturelles.

Tout lecteur attentif peut retenir en conclusion de tout ce qui précède que les graves insuffisances, inefficacités et dérives affichées aujourd’hui par les Forces de Défense et de Sécurité du Togo proviennent largement du fait qu’elles n’avaient pas été bâties depuis l’époque coloniale française sur des Bases professionnelles, doctrinales et éthiques saines qui doivent leur permettre d’accomplir efficacement leurs Fonctions régaliennes que sont la Protection des Citoyennes et des Citoyens, la Protection de leurs Biens, la Protection de l’Intégrité territoriale et la Garantie de la Sécurité sous-régionale!

Elles ont tristement conservé jusqu’aujourd’hui la fonction coloniale d’un vulgaire Instrument de Terreur casse-nègre qui leur ôte malheureusement toute la Noblesse normalement attachée à ces Corps de Métier au sein de toute Nation respectable.  

Références bibliographiques

  1. Batchana, Essohana: Ablodé. Ablodé Gbadja, Symbole d’une indépendance manquée au Togo? L’exemple du Cercle de Klouto, Chef-lieu Kpalimé. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, pages 231 – 251. Juillet 2019. (téléchargéable du site books.openedition.org).
  2. Gayibor, Nicoué Lodjou: L’Histoire des Togolais. Des origines aux années 60 (Tome 2: Du XVIe siècle aux à l’occupation coloniale. Lomé/Paris: Presses de l’UL/Éditions Karthala, 2011.
  3. Glasman, Joël: Les Corps habillés au Togo. Genèse coloniale des metiers de police. Paris: Karthala, 2015.
  4. Glasman, Joël: « Connaître papier ». Métiers de police et État colonial tardif au Togo. In: Genèses, 2021/1 (N° 86), pages 37 – 54 (téléchargéable du site CAIRN Info)
  5. Mann, Gregory: « What Was the Indigénat? The ‘Empire of Law’ in French West Africa » . In: Journal of African History, Volume 50, N° 3, pages 331 – 353, 2009.
  6. Marguerat, Yves: Un Document exceptionnel: La guerre de 1914 au Togo vue par un Combattant allemand. Lomé: Centre ORSTOM, Novembre 1987.
  7. Martet, Jean/Lestrade, Claude/Péchoux, Laurent/Massu, Jacques: Regards français sur le Togo des années 1930. Lomé/Paris: Éditions N.E.A.-Togo/Éditions Haho/Éditions Karthala, 1995.

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